Du 12 février au 7 mars 2010
Oulan Bator, Orléans


Mobilier


Alexis Guénault


Objets-pratique

Dans cette fabrique de l’image dont nous sommes les employés à temps plein, les objets qui sont produits et réalisés laissent apparaître, sous le vernis fragile de leur valeur d’usage, le trou noir de leur valeur d’échange. Et l’usage même de ces objets n’a d’autre finalité que de remplir sans cesse cet abysse. Si l’objet est d’abord conçu pour nous, il faut qu’il devienne, dans cette logique implacable, support d’une attitude, centre d’un environnement comportemental global où chacun croît pouvoir se retrouver dans le miroir de l’objet qu’il achète. Les formes prédétermineraient les attitudes. Et c’est par leur insertion ready-made dans l’espace de notre temps libre que ces mêmes objets nous pousseraient inexorablement à agir comme ils sont produits, c’est à dire en série. Ce qui pourrait se révéler comme une possibilité de retranchement - cette «  caverne intime  » - est devenue le «  petit centre chaud  » de toute cette machinerie de désirs abstraits.

C’est cet usage social des formes pendant cette temporalité dite «  libre  » qui se retrouve réinjectée dans ma pratique comme matière première du processus de production. Mais dans cette farandole sociale, ma pratique constitue une parenthèse et tente de questionner la place de l’objet quotidien : l’objet en tant qu’il est un centre autour duquel gravite des attitudes et l’objet en tant qu’il peut devenir matériau possible dans un processus de sculpture. Cette production naît donc des images que l’on consomme pendant le temps qu’il nous reste. Dans l’usage que j’effectue des formes, la manière dont ce processus avance et évolue est une sorte de production par contingence  : il n’y a pas d’abord un projet puis ensuite sa réalisation mais tout simplement une avancée à tâtons, dans les brouillards de la pratique, masse informe et inconnue précédant l’éclairage soudain d’une forme aboutie  : ce qui au départ devait être ne sera pas mais quelque chose surgit, contre toute attente, et ce qui n’était pas prévu offre au regard une surprise de tous les instants. Les formes se mettent en place progressivement, leur agencement s’inscrit dans la durée, dans ce qui s’apparenterait à une démarche de funambule. Mais peut-être faudrait-il lier cette approche aléatoire des formes à ce qui les génère comme moyen, à savoir cette pratique du bricolage qui crée un pont entre l’univers des formes du quotidien et ce processus sculptural, cette pratique qui tente de donner naissance à des objets-attitudes en dérive  : ils sont sculptures mais se prennent parfois pour de la peinture et hésitent même à se dénommer encore objet-pratique, alors qu’ils peuvent apparaître, non sans humour, comme objets critiques de cette attitude gravitationnelle dont nous avons parlé précédemment.

Mon travail propose une approche transversale de nos formes de vie en faisant vibrer la ligne instable entre objet, sculpture et peinture. Confrontant l’abstraction des formes d’usage – l’idée de… - et leur matérialisation par la pratique du bricolage, les objets présentés invitent à poser un autre regard sur les objets qui nous habitent et tentent d’ouvrir d’autres perspectives à l’usage des formes, et par là, de produire d’autres images.

Alexis Guénault

Du 12 février au 7 mars 2010
Du vendredi au dimanche de 15h à 19h


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Alexis Guénault

Commissariat :
Le POCTB
 
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