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Thierry Géhin
Nogent-le-Rotrou

En images


Du 10 septembre au 2 octobre 2011
Place Saint-Pol, Nogent le Rotrou


Thierry Géhin


La borne à Nogent le Rotrou


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A Demeure ,2011
Carton cannelé.


Lorsque j’ai découvert le projet artistique de La borne, j’ai tout de suite été séduit par cette proposition d’un lieu itinérant dédié à l’art, atteignant de petites villes, au cœur de vies locales trop rarement accessibles à la création contemporaine. J’ai considéré immédiatement cet espace à la fois comme une architecture qui abrite des œuvres et comme un objet sculptural fonctionnant comme une balise, comme un repère dans la ville. D’emblée la question du lieu se pose puisque La borne est elle-même un lieu dans le lieu, un lieu-vitrine chaque fois confronté à un environnement.

J’ai souhaité décupler l’effet de mise en abyme et de dialogue entre les différents éléments par une intervention in situ prenant en compte l’ensemble des spécificités architecturales ainsi que la situation précise de La borne – la place Saint-Pol, place principale de Nogent-le-Rotrou, une ville provinciale de taille modeste.

Au-delà de l’aspect gigogne de l’installation, toute une série de déplacements s’opère : à la pierre des bâtiments, ou à d’autres matériaux pérennes de cette place, se substitue un matériau moins noble, plus fragile, le carton à cannelures que l’on utilise habituellement pour l’emballage. La dimension factice et éphémère de la maison est liée au choix de ce matériau mais aussi à l’évidement de l’espace représenté. La maison n’est que façades : aucun espace intérieur, aucun aménagement, aucune trace d’intimité. Elle est un support, un écran pour une projection mentale. Son extériorité est exposée à l’intérieur du lieu-vitrine, lieu de projection dans un lieu de monstration, stimulant ainsi l’imaginaire par ces différentes inversions et mises à distance.

En outre, la représentation simplifiée, épurée de la maison, est précise dans sa typologie mais joue de l’écart avec le réel, à travers l’utilisation du carton brut mais aussi par la réduction de l’échelle qui pose la question du statut de cette représentation : est-elle la représentation d’une architecture, une maquette, un objet sculptural ? Cette ambiguïté est entretenue par le contraste qui s’opère entre les deux types d’architecture « en exposition ». D’une part une architecture itinérante, héritière des habitats mobiles type Algéco, mais probablement plus encore du Fun Palace (projet d’architecture et intervention urbaine éphémère adaptable, commandée en 1961 par Joan Littlewood, directrice et metteur en scène de théâtre, créée mais jamais construite, par Cédric Price et qui va influencer l’architecture de la fin du XXe) ; d’autre part une architecture plus ancienne, pérenne, positionnée au coeur de la ville, présentant une modénature qui garde des traces du néo-classicisme, véhiculant l’image de la réussite sociale et d’un certain pouvoir. Le titre de l’installation, A Demeure, fait référence à l’étrangeté de cette cohabitation. La borne constitue un écrin pour la fragile maison de carton qui s’y trouve à demeure mais dont le caractère éphémère signifie tout à la fois l’absence de demeure : a-demeure.

Aux passants d’activer par le regard ces jeux d’échelle, d’intériorité et d’extériorité, de constructions plurielles, imbriquant l’art et la vie.

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