Du jeudi au dimanche
De 15h à 18h30



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Michel Jocaille

En images


Du 4 mai au 4 juin 2023
5 rue des Grands Champs à Orléans


À fleur de peau


Michel Jocaille


Le pays où le ciel est toujours bleu a le plaisir de vous inviter à l’ouverture de l’exposition À fleur de peau de Michel Jocaille le jeudi 4 mai à partir de 18h30.

+ Brunch de finissage le dimanche 4 juin à partir de 15h

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EXTATIQUE VANITAS



Open your heart to me, Baby
I hold the lock and you hold the key
Open your heart to me, darlin’
I’ll give you love if you, you turn the key 
1


Nous sommes sur le seuil  ; À fleur de peau – exposition personnelle de Michel Jocaille au POCTB. Accueilli.e.s par une grille de vantail, qu’il nous faut donc franchir. Ouvre ton cœur, bébé, et passe avec moi la grille, pour accéder au voile qui d’ordinaire la masque – dans le velours irisé, au milieu des fleurs paraffinées, ne te retourne pas. Franchis l’ultime frontière qui nous sépare de multiples au-delàs.

Portails cireux et rouille enrubannée, lambrequins en cascades, vinyle-miroir, piercings et coquillages. Panne de velours, marbrures dichroïques et algues en plastique. Fleurs qui ne sècheront jamais – Nails tatoués. Flammes et gouttelettes gravées, hippocampe, caniche de la fidélité (laisses, ressorts et galons satinés font tenir l’ensemble).

A-t-on plongé dans le jardin enchanté du Chevalier aux fleurs 2 ou dans la liquidité des Nymphéas 3  ? Parsifal résistant à la tentation des femmes-fleurs ou terrible flou cataractique, il se trame ici d’autres drames : celui d’Icare se brûlant les ailes, de Narcisse et Écho et de leurs passions non assouvies – Tinder n’aidera pas, le mât enrubanné non plus. La cire est perdue ou vient de ciergerie, la statuaire dégouline et la mort est partout. Mais elle brille, d’une iridescence ambivalente, d’une pompe outrancière et baroque.

Au rez-de-chaussée de l’espace, un diorama hallucinatoire  ; une vanité en all-over, dont la solennité se mue en un spasme floral, en un orgasme chromatique. «  Fleurir une mémoire c’est après tout un geste d’amour  » 4 – pourquoi faudrait-il donc que ce soit si lugubre  ?

L’au-delà n’a pas à être si grave après tout. Littéralement «  de l’autre côté  », deçà delà dans la dispersion. Deuil, religiosité, mythes, histoire de la peinture, musique pop et nostalgie 90’s sont ces portails dans une autre dimension – la clef, c’est peut-être de s’immerger. Après être tombé, Icare meurt dans la mer qui porte aujourd’hui son nom. Descendons avec lui à la cave, dans les profondeurs.

Les abysses accueillent non pas monstres marins, mais un jardin médiéval. On y avance à la lueur des plantes, manque de tomber dans la fontaine des fées et se raccroche, in extremis, aux grilles tantôt molles tantôt cassantes qui ornent les murs. La vision trouble, on se laisse guider par le chant des sirènes. Comme un papillon de nuit, on est attiré par une lumière verte, dans un flottement aussi doux que sépulcral. Un rêve éveillé, dont l’image sature la vision, déborde et fuit par tous les jours de la reproduction du portail du cimetière orléanais. Ordre et symétrie n’y sont qu’apparents, et ouvrent vers le psychédélisme d’un gigantesque aquarium. 5

Dernier portail, Stargate ou miroir d’eau, hypnose-narcose. Après tout, Narcisse est un amant de l’ombre.

Carin Klonowski




1 - Extrait du single Open Your Heart To Me, Madonna, True Blue, 1986
2 - Tableau symboliste de Georges Rochegrosse, avant 1894, RMN-Grand Palais Musée d’Orsay
3 - Série de peintures impressionnistes de Claude Monet, 1895-1926, Musée de l’Orangerie
4 - Échange avec l’artiste dans son atelier, avril 2023
5 - Sur le sujet, voir Clélia Nau, Machine-aquarium. Claude Monet et la peinture submergée, éd. Mestispresses, coll. Voltiges, 2021

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