Du 15 mai au 5 juin 2015
parking de l’ancienne Poste-Perception, rue Saint-Roch, Bonneval


Benjamin Hochart


La borne à Bonneval


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Paysage Super Homme - 2015

Fondée sur la non-hiérarchie des genres et des arts, la pratique artistique de Benjamin Hochart revendique les influences de l’art populaire, du folk-art, de la bande-dessinée, de la science-fiction, de l’art brut, des pratiques textiles diverses et des arts premiers. Ses expositions sont des compositions dans l’espace, des suites d’œuvres autonomes installées pour entrer en résonance et constituer des récits sans début ni fin.

Avec Paysage Super Homme, Benjamin Hochart propose pour La Borne un scénario de science-fiction, une exposition dont les œuvres raconteraient la fin d’un monde en crise, et une nouvelle lecture de son travail initié récemment avec ses expositions Cannibale chez The Drawer à Paris, et Zombies, demain au Granit à Belfort. Il questionne de nouveau ici la figure du héros, le monstrueux associé au décoratif, le geste et la trace. Qu’il soit un corps malade, dégénéré ou adapté, le monstrueux issu du choc apocalyptique se présente souvent comme le symbole de ce qui est à combattre, et plus rarement de ce qui a survécu. Qu’il occupe la fonction de possible projection symbolique (comme chez Jim Shaw, Mike Kelley et Tony Oursler) ou qu’il permette de signifier l’expérience de l’horreur (chez Tetsumi Kudo ou Paul Thek), le monstrueux peut aussi se comprendre comme une nouvelle figure du anti-héros, alternative à la puissance du bien portant et du bon goût, détruisant sur son passage les valeurs morales et ouvrant la porte à l’altérité la plus brute. Le monstre est par excellence l’être de la fin nécessaire à un possible renouveau.

C’est l’idée du monstrueux dans son ensemble qui fait actuellement l’objet des recherches artistiques de Benjamin Hochart ; les formes et les figures qui l’incarnent, devenues inidentifiables (corps déformé ou abimé, blob, brouillard ou ectoplasme), ont dépassé le seuil du nommable et du langage. Pour les mêmes raisons, la circulation des ondes et des fluides est l’un des motifs récurrents dans l’iconographie de l’artiste, au même titre que les tâches, déchets ou monticules informes, tous utilisés pour leurs capacités à susciter de multiples projections mentales.

Pour Paysage Super Homme, l’oeuvre Superman (2013) — une planche de comics retournée et agrandie — y est reprise, redimensionnée afin de l’adapter à la superficie des murs de La Borne. Le super héros, étiré et déformé, y est mis en échec dans une planche surdimensionnée qui transforme l’histoire et son personnage en panorama narratif. Un dessin de la série Dodécaphonies, coloré comme une toile impressionniste après des essais nucléaires, présente une bouillie de signes et de formes méconnaissables aux couleurs acides. Cette image pourrait être celle d’une plongée au microscope dans un corps étranger ou un paysage de catastrophe atomique.

Au sol, deux sculptures à la matière indéfinie et boursouflée, évoquent autant le rocher et la rocaille — élément décoratif du jardin pittoresque d’un goût certain — qu’une monstreuse bouillie organique extraterrestre échappée du film The Thing de John Carpenter.
Entre forme et informe, toutes les œuvres de l’exposition Paysage Super Homme sont à la fois des images de paysages et des plans rapprochés sur un corps ; derrière les vitrines de La Borne, elles forment ensemble un diorama horrifique d’un possible avenir catastrophique, que seul un pessimisme combatif pourrait déjouer.

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