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Guillaume Mary

En images


Jusqu’au 30 mai 2021
5 rue des Grands Champs à Orléans


Feu d’artifice diurne


Guillaume Mary


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Le pays où le ciel est toujours bleu a le plaisir de vous inviter le samedi 13 mars 2021 à partir de 14h à 17h30 à l’ouverture de l’exposition Feu d’artifice diurne .


Guillaume Mary / 2020 / POCTB

Les paysages de Guillaume Mary procèdent du mémento. Ramassés à l’essentiel, les lieux dépeints s’y condensent en quelques détails marquants qui suffisent à en résumer le souvenir. Tout y prend une forme extrêmement concise. Les bâtis, ossatures fonctionnalistes encore abrégées en quelques élévations de façades. Le mobilier et les infrastructures urbaines, épures dont les contours incisifs détourent des plans volontiers laissés vides. Et la végétation encore, réduite à la géométrie laconique d’une topiaire ou à ces ramifications tout aussi sommaires de segments curvilignes résolument dénudés – la luxuriance de frondaisons se trouve figurée par endroits seulement, au moyen de larges masses sombres, rapides, liquides, envahissantes, fonds compacts et impénétrables d’où les arborescences schématiques viennent alors s’enlever en négatif, prenant des allures spectrales. Chaque fois, le référent se trouve ainsi ramené à l’épaisseur d’une feuille de décor de théâtre.
La synthèse, pourtant, n’est pas aride. Car loin d’aboutir à une déperdition, le processus opère au contraire une concentration telle des motifs que ceux-ci acquièrent une densité plus grande, et gagnent en charge d’évocation. C’est tout l’enjeu pour Guillaume Mary : parvenir à suffisamment s’affranchir des nécessités d’une approche perceptive afin de retrouver l’intensité et la fulgurance de la remembrance. Pour ce faire il adopte un mode de représentation qui réunit dans le même espace pictural deux organisations différentes du sensible – l’une figurative, l’autre plastique.
Ainsi le tableau, fenêtre ouverte albertienne, s’ébauche néanmoins autour d’aberrations assumées dans les effets de perspective, lesquelles soulignent cet intérêt majeur porté à l’agencement des formes, des couleurs, des volumes picturaux en tant que tels. La distribution souvent éparse des signifiants sur la surface unie de la toile atteste elle aussi d’un certain renoncement à la narrativité de l’historia en faveur de celle de la production et de l’interprétation. Cette dispersion des éléments sur le fond monochrome permet en effet à Guillaume Mary de rassembler et juxtaposer librement les possibles, fussent-ils contradictoires : l’aplat coloré homogène, parfaitement isotrope, arrière-plan dégagé de toute logique de polarité autorise en effet au peintre les manques, les rapprochements et les écarts les plus impromptus. Ce topos singulier restitue le souvenir à l’origine de la peinture dans sa complexité, chargé qu’il est d’imprécisions, de ces omissions et ellipses propres à la condensation.
La peinture de Guillaume Mary figure l’espace dans une vérité qu’il n’a à aucun moment eue. En cela elle prend la pleine mesure de la mimésis, dont Paul Ricoeur rappelait que la fonction n’est pas tant de donner à reconnaître des objets mais à découvrir des dimensions de l’expérience qui n’existaient pas avant l’œuvre. [1]

Marion Delage de Luget

1- Paul Ricoeur, La critique et la conviction, Entretien avec François Azouvi et Marc de Launay, Paris, Calmann-Levy, 1995, p. 260.

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