Émilie Hirayma

ÀLa belle affaire, 2023 - Installation
 
  Le titre de cette installation renvoie aux vitrines des premiers magasins, dont les «  frivolités  » et les «  curiosités  » méritaient à l’époque le coup d’œil, tandis qu’elles suscitent aujourd’hui davantage d’embarras avec leur accumulation.  

Au sein de ma pratique, garder le souvenir de gestes invisibles et de formes anonymes m’engage depuis quinze ans dans une collecte d’artefacts industriels, dont la disparition est à venir : blisters, intérieurs d’enveloppe, papiers de boucher, sacs en plastique, touillettes, éponges synthétiques, etc. Ces objets secaractérisent par un certain anonymat, une reproductibilité aussi importante que leur éventail de déclinaisons, un usage tout aussi éphémère que leur séduction. Certains emballages nous renvoient à des qualités, comme les chewing-gums «  smart  » ou les mouchoirs «  friendly  »  ; à une attitude, avec les bonbons «  never stop  » ou le jus d’orange «  happy day  ». Tous ces éléments de langages semblent vouloir devenir des prédictions agissant sur notre quotidien.
 
Constitués du motif répété de photographies sur fond coloré reprenant les codes de la vente, les murs prennent la forme d’un catalogue d’archive du présent, de souvenirs du futur. Aujourd’hui, avec l’arrêt de la fabrication de nombreux objets jetables et la volonté d’en supprimer les traces, cette collecte agit comme le témoin d’un temps que l’on souhaite révolu, une forme d’archéologie préventive de l’anthropocène. Ces objets font histoire.
 
Cette installation a reçu le soutien du département de Loire-Atlantique